RYTHMANALYSE

GWLADYS BERNARD

«REGARDER LE MINUSCULE POUR DÉCOUVRIR DES ESPACES IMMENSES.»

RYTHMANALISE | GWLADYS BERNARD | DU 10.04 AU 30.09.2025

J’entends des formes. Elles murmurent, vibrent, chantent un langage que j’ai appris à déchiffrer. D’abord envahissantes, j’ai avec le temps appris à les apprivoiser. Aujourd’hui, elles m’accompagnent, m’inspirent et dansent dans mon esprit comme des notes sur une partition. Cette musique se révèle souvent dans l’urbanité brute: barres d’immeubles, fenêtres alignées, cités s’élevant vers le ciel. Mon regard, instinctivement, les aplatit. Ces tours se métamorphosent en compositions bidimensionnelles, en motifs que je peux presque toucher. J’ai appris à observer ces lieux, à les décomposer et à les réinventer.
Avec patience et obsession, je dialogue avec leurs rythmes architecturaux et le souffle de ceux qui les habitent: des vies, des rêves, des réalités ordinaires ou extraordinaires.
Un jour, j’ai commencé à questionner ces fenêtres, à imaginer les mondes qui s’y logent. « Que s’y passe-t-il ? Une famille dîne-t-elle sous une lumière chaude ? Une réunion d’idées éclot-elle dans un bureau?
Un champ de coquelicots pourrait-il fleurir dans cet espace clos?” À force de questions, mon regard s’est retourné vers mes propres fenêtres…« Que contiendraient les miennes ? » Dans mes créations, elles deviennent des portails d’émotions et de rythmes. Je les compose comme une mélodie: superpositions de traits, intervalles, tensions et relâchements. Les façades s’effacent, les structures vibrent dans un univers intime où le visible dialogue avec l’invisible.

RYTHMANALYSES

Inspirée par les travaux du théoricien Henri Lefebvre, je m’intéresse dans cette série à l’analyse des rythmes: la Rythmanalyse. Pour saisir et analyser un rythme, il faut pouvoir être disposé, se laisser aller, se donner et s’abandonner à sa durée. En tant qu’observatrice des rythmes, je fais appel à tous mes sens pour les écouter, les apprécier et les associer.

Mes Rythmanalyses sont des compositions sensibles qui traduisent l’énergie et les émotions que les structures urbaines et la vie qui s’y déroule suscitent en moi. Mon propre corps devient un outil de mesure. C’est lui, comme un métronome, qui donne le tempo. Chaque ligne, chaque répétition, chaque pause naît du rythme de mon souffle, des
battements de mon coeur, des vibrations que je ressens en dessinant, reliant le tangible de l’extérieur à l’intangible de mes perceptions intérieures.
Mes oeuvres sont des fenêtres sur le monde et sur moi-même, des partitions où se jouent l’harmonie des structures et les pulsations de
l’imaginaire. Ainsi, chaque immeuble, chaque fenêtre, chaque cité deviennent- ils une invitation à écouter le rythme du monde et à y superposer le battement de nos propres émotions. Mes dessins cherchent à faire vibrer les lignes jusqu’à révéler la musique intime de nos espaces habités.

MESTIERS

9, RUE FRANCŒUR

info@mestiers.com